Le Mercredi 11 juin, à l’Amphithéâtre Lecat, au CHU de Rouen, Philippe Charlier, médecin légiste et anthropologue, donnait une conférence sur Médecine légale et Histoire.
Auparavant, Catherine Morin-Desailly présente l’auteur, qui a travaillé sur la tête maorie du Museum de Rouen, et évoque le dispositif « Culture à l’Hôpital », animé par Denis Lucas.
Médecine légale et Histoire
Philippe Charlier travaille sur les squelettes, les reliques, les cercueils déjà ouverts, il ne fait pas de profanation de sépultures et respecte les restes humains sur lesquels il travaille.
Richard Coeur de Lion
Il est mort en 1199 d’une septicémie après dix jours d’agonie. Il a organisé la partition de son cadavre : coeur à Rouen, corps à Fontevrault, intestins offerts aux Français
Le coeur se trouve dans un reliquaire, conservé à l’archevêché, la relique au musée des antiquités de Rouen. Il est bien conservé
On y trouve des résidus de coeur humain, des résidus textiles, des pollens de pin. Le coeur est « farci » avec des aromates, fleurs odoriférantes, qui indiquent la période du décès, avril. On trouve aussi des amas bactériens, des champignons, des métaux : plomb du reliquaire, cuivre, mercure, fer, calcium (chaux). C’est le plus vieux coeur embaumé étudié
Usage d’encens, épice christique, qui lui donne une apothéose post-mortem.
Agnès Sorel
Elle est morte en 1450 d’un « flux de ventre ». Son tombeau a été vidé pendant la révolution et transporté au 18è dans une urne funéraire à Loches. Ses dents utilisées pour faire des bridges, il n’y en a plus. Le crane est en bon état. Très grandes orbites. Il reste les sourcils, de la peau desséchée, des mèches de cheveux Cheveux bruns, bien que blonds au départ, en fait ils sont recouverts par les produits d’embaumement. Le gisant de Loches vers 1450 a été réalisé à partir de son masque mortuaire. Le crane correspond exactement
Masque de Bourges, fait du vivant d’Agnès Sorel. Superposition possible aussi avec le crâne
On a retrouvé du poivre, des fruits et graines de murier blanc, du gingembre : ce sont des procédés d’embaumement ; ce sont les cuisiniers qui ont été les premiers embaumeurs, avant les barbiers et les apothicaires.
Diane de Poitiers
Son coeur repose auprès de son mari, son corps à Anet. Le tombeau est à Anet, mais les restes sont dans le cimetière communal, où les révolutionnaires l’ont jetée en 1795. Le corps a été dispersé sur 3 mètres.
Ambroise Paré est l’embaumeur. Le corps est bien identifié, la taille estimée à 1,57, arthrose, il ne restait que 4 dents, elle avait des dents en ivoire d’hippopotame réalisés par Ambroise Paré.
Un scanner a été réalisé à la Pitié Salpétrière. Deux fractures. Fracture ouverte a été soignée par Paré.
Lésion au niveau du conduit auditif externe, otite chronique à force de se baigner dans la rivière froide à côté de son château.
Traces d’or : elle prenait de l’or liquide car elle croyait que cela donnait l’éternité, tous les matins, conséquence, ostéoporose, perte de cheveux, anémie, d’où son teint pâle. Intoxication ou fragilisation après 30 ans de prise quotidienne d’or
Jeanne d’Arc
Il ne reste plus rien de Jeanne d’Arc, juste un cheveu à Riom volé entre les deux guerres.
On a trouvé de fausses reliques de Jeanne d’Arc en 1867 à Paris. Elles étaient conservées dans un bocal du 17è siècle, sur le couvercle est écrit, « restes de Jeanne d’Arc », mais avec une écrtiture du 19è siècle.
Un bocal contient du charbon de bois et textile brûlé. Mais le charbon est du bitume aggloméré (goudron)
Le 2ème bocal est un textile, mais il n’est pas brulé, c’est du lin, sans trace de carbonisation. Ce ne sont donc pas des reliques de Jeanne d’Arc.
Le fémur est un fémur de chat, la vertèbre ne présente pas de trace de carbonisation. La côte humaine semble carbonisée, mais c’est un enduit de surface d’origine bitumeuse, produit d’embaumement
Le Carbone 14 indique 700 à 230 av JC, donc Egyte
En 1867, un processus de béatification est en cours, l’église veut récupérer Jeanne d’Arc, les restes tombent bien. Découverte de ces fausses reliques juste à ce moment, on utilisait les restes de momie en pharmacie à cette époque
Henri IV
Il a été embaumé, profané en 1793, une tête réapparait en 1919
Elle est en bon état de conservation. On prélève les cordes vocales.
La tête présente des cicatrices, grain de beauté, poils de moustache et cheveux, lobe de l’oreille droite percée. On trouve le grain de beauté sur les portraits, de même la boucle d’oreille. Les portraits sont réalisés profil gauche, ça arrange Henri IV car on ne voit pas le grain de beauté.
Il avait de l’arthrose vertébrale, peu de dents restantes, abcès dentaire. Le corps d’Henri IV a été dépecé et on en retrouve des morceaux un peu partout.
Il fut embaumé avec un charbon provenant de la combustion d’os animaux, des aromates, fenouil, cerfeuil
Les cheveux sont roux, mais en réalité ils étaient blancs.
Par comparaison avec le masque mortuaire, c’est bien la tête d’Henri IV.
Robespierre
Le cercueil de Louis XVI pourrait contenir Robespierre, d’après Barras. On a le masque mortuaire de Robespierre
Le coup de feu est entré par la bouche et sorti par la joue.
Il agonise une journée sur le bureau de Louis XVI, puis est guillotiné
Les portraits peu réalistes : il a de très nombreuses cicatrices liées à la petite vérole, on ne les voit pas sur les portraits. Il aurait eu une sarcoïdose chronique
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